mercredi 23 mai 2007

L'histoire du Cambodge


Ancien protectorat français intégré à l'Indochine française, le Cambodge a obtenu son indépendance le 9 novembre 1953, à la fin de la guerre d'Indochine. Devenu une monarchie constitutionnelle (depuis 1947) dirigée par le roi Norodom Sihanouk, le pays affiche une politique de neutralité en ce qui concerne la guerre du Viêt Nam, mais soutient en réalité la République Démocratique du Viêt Nam dès 1966, laissant transiter par son territoire des troupes et des fournitures à destination du Front national pour la libération du Viêt Nam.

Confronté, à partir de 1967-68, à une insurrection fomentée par les Khmers rouges -des rebelles communistes d'inspiration maoïste-, avec une économie qui va de mal en pis sous le poids de la corruption, Norodom Sihanouk, doit se résoudre à confier la direction du gouvernement au général Lon Nol, son pilier militaire, connu pour son anticommunisme et pour son option pour l'économie de marché, le 14 août 1969 en échange de la reprise de l'aide américaine. Le 18 mars 1970, Lon Nol, poussé par le prince Sirik Matak, de la branche Sisowath concurrente, renverse Sihanouk en déplacement à l'étranger (Moscou et Pékin). Devenu allié des États-Unis, le Cambodge est alors intégré à la stratégie d'endiguement du communisme en Asie du Sud-Est. Avec l'appui du Viet Minh, les Khmers rouges pro-viêtnamiens déclenchent une véritable guerre contre les forces gouvernementales et sont en passe de gagner avant que les États-Unis n'interviennent et tentent de sauver le régime républicain (avril-juin 1970). Mais lorsqu'en 1973 les États-Unis se désengagent de la région, leurs frappes aériennes n'ont pas réussi à arrêter la menace communiste. Alors que la République Démocratique du Viêt Nam est sur le point de gagner la guerre contre la République du Viêt Nam, les Khmers rouges aidés par les Viêtcong prennent Phnom Penh le 17 avril 1975.

L'« Angkar » (organisation) des Khmers Rouges applique alors une politique maximaliste, plus radicale encore que celle des soviétiques et des maoïstes, visant notamment à purifier le pays de la civilisation urbaine. Les villes, à l'image de Phnom Penh dans la nuit du 17 au 18 avril 1975, sont vidées de leurs habitants, envoyés en rééducation dans les campagnes. La traque systématique des anciennes élites parlant le français et de ceux qui portent des lunettes, ajoutée aux mines, à la malnutrition et aux maladies aboutit à des massacres de masse et à une catastrophe humanitaire d'origine politique : plus d'un million de personnes sont mortes, soit deux septième de la population totale du Cambodge. Certains intellectuels voudraient que cette «auto-destruction khmère» soit reconnue par les nations unies comme un génocide, mais elle ne correspond pas à la définition d'un génocide, puisque les critères de choix des victimes ne correspondaient pas à un groupe national, ethnique, racial ou religieux (article 6 de la Cour pénale internationale).

En 1979, le Viêt Nam envahit le Cambodge, provoquant l'effondrement du régime des Khmers rouges. Les autorités viêtnamiennes installent un gouvernement fantoche sous la direction nominale de Pen Sovan, Heng Samrin, Chea Sim et Hun Sen, et réorganisent le pays selon le modèle laotien et viêtnamien. Une guérilla rassemblant des mouvements divers allant des Khmers Rouges au mouvement royaliste appuyé par la Thailande fait alors rage dans le pays.


Norodom SihamoniAprès le départ des forces du Viêt Nam en 1989 et l'envoi de forces de l'ONU au début des années 1990, le régime retrouvera peu à peu un semblant d'autonomie tout en restant totalitaire. Le premier ministre actuel Hun Sen, placé au pouvoir par le Viêt Nam, dirige le pays depuis cette période, et s'est maintenu au pouvoir grâce à trois élections douteuses successives dans un climat patent de violence politique. Le principal opposant, Sam Rainsy, s'est réfugié à Paris en 2005. Le roi Norodom Sihanouk, redevenu chef de l'état, a abdiqué une seconde fois en 2004 au profit de son fils cadet Norodom Sihamoni, ancien danseur et ambassadeur du Cambodge auprès de l'Unesco à Paris.

Le Cambodge est aujourd'hui confronté à une série de choix douloureux. Son économie, qui dépend encore très largement de l'aide internationale (en 2001, un tiers du budget de l'État provenait de donateurs internationaux), souffre d'une corruption très importante. De nombreux trafics (pierres précieuses, bois, filières de prostitution, drogues) sont soutenus par des membres éminents des forces armées ou des autorités, en direction des pays voisins. D'autres problèmes hérités du désastre Khmer rouge obèrent aussi le développement du pays comme la question des terres, le cadastrage étant encore loin d'être finalisé, ou l'éducation, le système éducatif ayant été complètement détruit par les Khmers rouges (enseignants assassinés, etc.).

Actuellement le secteur touristique et le textile (présence de grandes chaînes internationales de prêt à porter ) sont les principaux pourvoyeurs de devises du pays.

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